A As Art(iste)s
Né en 1967 à Paris. Vit et travaille à Rennes.
Jocelyn Cottencin est un artiste protéiforme. Après une double formation en art et architecture, Jocelyn Cottencin s’intéresse à différents domaines des arts dit appliqués - notamment le design, l’architecture, le graphisme - non pas pour leur capacité à produire des réponses fonctionnelles, mais surtout dans la possibilité qu’ils offrent d’infiltrer l’espace social. Jocelyn Cottencin questionne le rapport entre réel et fiction, entre un lieu, ses « habitants » et son histoire. Travaillant des axes comme le groupe, la figure, le vocabulaire, sa pratique artistique est organique et se développe à travers la photographie, la vidéo, l’installation, l’édition, la scénographie, le design ou le graphisme. Ces médiums sont des canaux de diffusion de ses projets qu’il mène depuis le champ de l’art. Il considère d’ailleurs les projets qu’il développe comme rhizomatiques et évolutifs, rarement comme des objets révolus/finis.
Considérant la typographie comme un matériau graphique et plastique, Jocelyn Cottencin l’expérimente à travers différentes formes : la performance, l’intervention dans l’espace public, l’installation, le dessin, le livre. Chaque nouveau projet donnant lieu à la naissance d’un nouveau caractère. Il questionne la typographie, celle du mot et de son plus petit dénominateur : la lettre. Jocelyn Cottencin pratique la lettre, comme espace et comme signe. Il la design en quelques sortes, comme dans Vocabulario en 2007 réalisé avec Tiago Guedes où la lettre et sa graphie se retrouvent chorégraphiées. Par cette introduction du mouvement, Jocelyn Cottencin nous convie à un devenir permanent de la typographie bien souvent statique.
Jouant sur l’attraction visuelle de la lettre, Jocelyn Cottencin capte notre attention pour nous amener à d’autres strates de lecture. Dans I Can't Believe The News Today, réalisé à Pau en 2009, la lettre prend forme comme objet/sculpture de design, mais vise surtout à questionner notre rapport à l’information.
Travaillant régulièrement avec d’autres artistes, sa pratique artistique s’enrichit des collaborations avec des chorégraphes, des graphistes et d’autres plasticiens. Il a notamment réalisé l’installation scénographique de Love, spectacle de danse de Loïc Touzé et Latifa Laâbissi, en 2003. En 2010, il prend part au projet J’ai tout donné d’Alain Michard pour le Centre Culturel Colombier et il y réalise le Centre de documentation. Il s’agit d’un espace entre sculpture et design qui évolue et se nourrit des interventions artistiques et des documents produits par les ateliers menés tout au long du projet.
Invité en 2010 à participer à la seconde édition des Ateliers de Rennes – Biennale d’art contemporain, ayant pour thème Ce qui vient, il conçoit et coordonne le projet éditorial Journal d’Anticipation. À travers lequel, il invite pour quatre numéros - et 4 dates à venir : 2010, 2020, 2036, 2060 - plasticiens, chorégraphes, graphistes, créateurs à réagir à travers des images et des textes. Il s’agit d’une expérience éditoriale, d’un projet sur la communauté, la coalition comme forme plastique, une œuvre en circulation. C’est un atelier en mouvement qui mène une réflexion prospective sur ce que pourrait être notre avenir. « Le journal d’anticipation est un journal qui ne prévoit rien mais qui voit tout. »
Répondant en 2005 à l’invitation de La Criée – Centre d’art contemporain, il a développé pendant deux ans entre Bilbao, San Sebastian, Glagow, Porto, Lisbonne et Rennes, le projet Just a walk. Ce dispositif est composé d’échanges entre artistes et professionnels de l’art, de temps publics, de performances et d’un site Internet. Interrogeant les notions de territoire et de circulation, le dispositif s’est prolongé à la fois avec une exposition éponyme qui s’est tenue au terme de la période à La Criée et par une édition qui a vu le jour en 2008.
Les projets qu’il mène dans l’espace public lui permettent de l’expérimenter comme un espace de friction entre un lieu, des habitants ou usagers et une proposition plastique. Il s’agit pour lui d’un espace de travail paradoxalement très expérimental étant un lieu de contraintes soumis à un cahier des charges. Dans le cadre d’un 1% artistique - commande publique, il réalise en 2009 pour le Pôle Sportif de Quimper une série de photographies intitulée L'objet du désir. Après avoir choisi des photographies dans les archives des clubs sportifs, il intervient sur les images en leur soustrayant l’objet identitaire de la discipline : le ballon du football, le vélo du cyclisme. Ces photographies d’archives deviennent alors un hommage aux corps et aux gestes en pleine action.
Abordant à la fois le signifiant et le signifié, Jocelyn Cottencin construit au-delà de la diversité de son travail un vocabulaire en évolution qui devient identitaire
Fondateur de LieuxcommunsTM en 2001, plateforme de travail autour du graphisme et de l’art imprimé, Jocelyn Cottencin intervient dans différentes écoles françaises et étrangères, il enseigne depuis 2005 à l’École Supérieure d’Art de Lorient.
Camille Planeix
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